jeudi 2 février 2017

Noms de métiers : double standard - Fillongate

Au nom de l'universalisme, porté par le masculin en français qui n'a pas, comme l'anglais de neutre, les noms de métiers et professions, à l'origine masculins puisqu'il n'y a que les hommes "qui travaillent", les femmes se contentant de "rester à la maison" où les corvées qu'elle accomplissent, extorquées dans le mariage, comptent pour des cacahuètes dans les PIB masculins marchands, les noms de métiers et professions donc sont tous déclinés au masculin : pompière, policière, avocate, bâtonnière à fortiori, écrivaine..., sont considérés comme non légitimes par celles même qui exercent ces métiers. Sur ce sujet, allez voir le Tumblr militant d'Adelphité* du langage qui s'est donné pour mission de relever ce qui est bien dit et mâle dit, mâle exprimé, dans les journaux, productions culturelles, et ailleurs.
* Adelphe : épicène grec, frère, sœur, né de même parents.

J'ai souvent entendu des féministes beauvoiriennes (ceci écrit sans irrévérence) pour qui une femme se doit d'être un homme comme les autres, tordre le nez devant un métier dit au féminin, comme si on avait proféré une obscénité : menuisière, ingénieurE, peuh, n'y pensez même pas, "c'est d'un ridicule" ! Toutes les écoles à dominante mâles (ingénieurs notamment) qui font mine de faire des appels du pied aux femmes se lamentent : "elles ne viennent pas, on n'y peut RIEN", refrain habituel, et articles lénifiants, il y en a dans tous les coins sur les réseaux sociaux où la misogynie serait de plus en plus mal portée. Mais ça s'arrête là : si les femmes veulent venir, qu'elles acceptent les contraintes du vocabulaire, porter le nom du métier au masculin garant de leur légitimité au sein de la confrérie, et... des vêtements qui grattent et ne sont pas faits pour leur morphologie ni leurs besoins spécifiques, je pense entre autres, aux femmes CRS et aux policières et à leurs gilets pare-balles !

Le/la sage-femme

Mais que l'on veuille attirer des gars dans les professions dites "de femmes", infirmières par exemple, traditionnellement formées dans des Écoles d'infirmières, s'applique immédiatement le double standard : on masculinise vite fait, bien fait, plus personne n'a d'états d'âme ! Ainsi les écoles d'infirmières sont-elles devenues des "instituts de formation en soins infirmiers" comme lettre à la poste. Il est inconcevable de nommer un infirmier "infirmière" au motif que ce sont les femmes qui ont inauguré la profession, alors que c'est l'inverse chez eux ! Le comble du ridicule -et de l'inexactitude- est atteint avec la profession de sage-femme : en 1984, l'Europe, toujours en pointe pour voler au secours des mâles discriminés, a imposé l'entrée d'hommes dans cette profession historiquement féminine ; s'est aussitôt posé LA question de comment les appeler, "femme" étant caca beurk pour un mec, certainement ? Sexisme doublé d'ignorance crasse : dans le nom composé sage-femme, femme réfère à la parturiente, pas à la personne qui exerce le métier : la/le sage qui assiste la femme parturiente. Du coup, on a eu des propositions ridicules comme "maïeuticien *" en référence à Socrate dont la pauvre mère effacée de l'HIStoire était sage-femme, ce qui a bien aidé son génie de fils à mettre au point -j'allais dire à accoucher de- ses théories philosophiques ! Bizarre, vous avez déjà vu une école d'ingénieurs qui aurait féminisé son intitulé pour mieux accueillir les femmes, vous ?
* J'ai entendu dans un coin de lucarne que la première année de médecine est désormais commune aux futurs médecins, pharmaciens, dentistes, "maïeuticiens" SIC, le présentateur s'est fait préciser : il n'avait pas compris que c'était sage-femme. C'est donc entériné. Les hommes arrivent, les femmes sont effacées de l'HIStoire.  

FillonGate et cafouillages freudiens

L’affaire du penelope gate du nom de la femme de François Fillon qui aurait occupé un emploi fictif d’assistante parlementaire au service de son mari en touchant 500 000 euros pendant 4 ans (puis 900 000 pour la famille entière sur une plus longue période selon le dernier développement), en dit long sur la psyché française, et sur sa mauvaise foi, à propos du travail des femmes, généralement extorqué dans le mariage : travail RÉEL mais NON REMUNERE, et sur les éternels gaps toujours irréductibles et béants, de salaires entre femmes et hommes quand il s'agit de travail marchand posté, modèle masculin !
Festival de grosses boulettes : du député François de Rugy soucieux de transparence qui publie les bulletins de salaire de deux de ses assistants parlementaires, dévoilant involontairement le différentiel de salaire entre son assistANT et son assistANTE dû à l’assignation des tâches, et donc des salaires, en fonction de leur sexe/genre -en gros le profil assistANTE convient mieux pour commander les billets d’avion et elle travaille plus d’heures, c’est affligeant-, et du président du sénat Gérard Larcher qui se banane lui-même dans un communiqué où il tente d’affirmer que la profession d’assistant parlementaire est la seule où les femmes sont plus payées que les hommes, en omettant de préciser que c’est dû à la prime d’ancienneté -accessoire de salaire et pas salaire de base- les femmes y restant stagner plus longtemps que les mecs, qui tentent d'autres aventures de grands fauves politiques on suppose ? Le factchecking était assuré par France Info Radio. Last but not least, François Fillon lui-même qui, il y a une semaine, condamnait le sexisme de la presse à propos de son épouse, est pris en flagrant délit de discrimination dans la "PME familiale" : sa salariée de fille touchait 27 % de moins que son fils à qualification égale selon le Canard Enchaîné. Espérons que Madame Fillon, épouse effacée et muette de son député puis ministre de mari, réputée bosser pour la peau dans son mariage avec François, était au courant du présumé salaire qu’elle a perçu pour travail parlementaire « fictif ». Au point où on est…

Petit bonus video, tranche de vie saignante :


1 commentaire:

  1. Précision utile : ne pas confondre travail et emploi. Le travail c'est une masse de tâches souvent informelles mais UTILES qui vont des tâches ménagères, au bénévolat en passant par le travail marchand posté modèle masculin. L'emploi en revanche ne concerne que ce dernier travail posté masculin compté dans les PIB (Produits Intérieurs Bruts), sortes de chiffre d'affaire d'un pays. Le travail est toujours utile et nécessaire, mais l'emploi peut être parfaitement inutile voire toxique et dommageable pour les personnes. Exemple préparer la guerre et la faire, parasiter et détruire les ressources naturelles. C'est pourtant l'emploi sur le modèle masculin marchand (auquel bien sûr les femmes contribuent, généralement comme supplétives, forces d'appoint) qui est comptabilisé dans les PIB.

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