vendredi 1 septembre 2017

Au jeu de fléchettes, 100 % des perdantes ont tenté leur chance !

Ce billet, au titre détourné d'une publicité de la Française des Jeux rappelez-vous, m'est inspiré par une conversation récente avec une de mes praticiennes para-médicales : on se voit une fois par an les bonnes années, depuis longtemps, et du coup, on bavarde en nous racontant nos vies. Elle est divorcée depuis des années, non remariée, et ses enfants et petits-enfants (bien qu'elle soit jeune) vivent à l'autre bout du monde, dit en passant, pour celles qui croient que le mariage et la maternité sont une assurance contre la solitude.

Son opinion sur les hommes me paraît très représentative de ce que j'entends sans arrêt, dit par d'autres personnes qui n'ont pas de conscience politique féministe, ni de conscience de classe (98 % des femmes selon moi), et qui ont surtout lu des ouvrages de psychologie, mais aucun d'études et analyses féministes : si on fait le concours de la plus "sexiste" ou plus exactement misandre (puisqu'on m'en fait souvent le reproche, et qui est plus juste), je suis battue à chaque round.

Donc selon ma praticienne, qui je le précise a fait des études et a un diplôme, les hommes ne sont pas comme nous les femmes, ils ont des "pulsions" et des "besoins", ils se comportent "comme des animaux" (notez le spécisme au passage) et on n'y peut rien ! C'est comme ça. Mais il faut faire avec, au mieux. Ah bon ? Il faut juste "tirer le bon numéro", c'est tout, c'est une "loterie" où il y aurait des gagnantes et des perdantes. Bref, ils ont un chromosome qui merde, c'est la faute de la biologie !

Et c'est moi la misandre-sexiste. L'ennemie du genre humain. En restant calme, je dis que je ne crois rien de tel, que les mecs sont exactement comme nous, qu'ils n'ont aucune "pulsion", mais que la différence est dans la construction sociale, qu'ils ne reçoivent pas la même éducation, que la société est très tolérante vis à vis de leurs défauts et comportements irresponsables, tout en étant impitoyable avec les femmes, dévalorisées sans arrêt. Qu'il vaut mieux le reconnaître, le dire, le dénoncer. Que le système est pourri jusqu'à la moelle, et défavorable aux femmes d'un bout à l'autre, qu'il y a surtout des GAGNANTS et des PERDANTES. Et puis c'est quoi ce jeu de loto, de fléchettes ? Avec des principes pareils, c'est difficile de se tirer à la première claque. J'ai aussi entendu plusieurs fois des amies me dire qu'elles avaient "besoin d'être protégées". Alors là, ça devient grave. Et si jamais le mec cogne dès le lendemain du mariage ou quand elles sont enceintes (oui, c'est généralement le moment qu'ils choisissent) ? Et puis comme dit une de mes abonnées Twitter


Voilà ! La vérité sort de la bouche des ingénieures programmeuses informatique ! (elle est codeuse et travaille sur des algorithmes d'analyses de métadonnées, d'après nos conversations). Le contrat serait le suivant : je te sers de ménagère, en contrepartie tu me protèges de la prédation de tes brutes de congénères assoiffés de sexe et de sang :(( Super le deal, et flatteur pour les semblables du marié en plus.

Dernière précision : généralement lors du mariage -qui est l'échange d'une femme entre deux hommes, il faut le rappeler, toutes les études anthropologiques le démontrent- le père conduit sa fille à l'autel. Autel ? Ça vous rappelle quelque chose d'autre, autel, non ? Mais oui, sacrifice : les sacrifices (animaux, humains, celui du Christ supplicié, célébré/reproduit dans chaque messe) sont accomplis sur un autel. Au vu de l'analyse sémiologique, je dirais que l'ADN de l'institution est nettement plombé ! Il est temps d'arrêter les jeux de hasard sur des sujets aussi sensibles : si on veut tenter l'aventure, on le fait avec des provisions ; puisque l'arrière-plan est défavorable aux femmes, raison de plus pour garder la tête froide et préciser par contrat un certain nombre de choses non négociables. Ne pas travailler sans déclaration ni bulletin de salaire quand on est femme d'artisan ou de commerçant, par exemple. Et garder son nom, indispensable pour ménager l'avenir. Au minimum.

C'est vrai que c'est douloureux de prendre conscience et de faire face à la domination dans une histoire d'amour, mais je crois moi qu'une femme avertie en vaut deux, ou même trois. Et puis, on n'est absolument pas obligées de se marier ni de se reproduire : il y a plein d'autres aventures largement aussi originales et satisfaisantes à tenter. Un peu d'imagination, que diable.

Comme la prise de conscience politique et la conscience de classe s'acquièrent et se travaillent, je rappelle ma bibliothèque de six ouvrages pour acquérir les bases du féminisme matérialiste :

6 ouvrage in-dis-pen-sa-bles pour se faire une culture féministe










Les deux tomes de L'ennemi Principal de Christine Delphy chez Syllepse (sociologie)
Odyssée d'une Amazone de Ti Grace Atkinson chez Des Femmes (politique)
L'anatomie politique de Nicole-Claude Mathieu chez iXe (anthropologie)
La construction sociale de l'inégalité des sexes par Paola Tabet, et
La grande arnaque : sexualité des femmes et échange économico-sexuel chez L'Harmattan (anthropologie).

4 commentaires:

  1. Je ne sais plus exactement où j'ai vu ou lu* qu'en Chine, sous l'influence de Confucius, l'homme sait se maîtriser (moralement et sexuellement) contrairement aux femmes, êtres imparfaits guidés par leur passions/pulsions. A ressortir aux tenant(e)s des soi-disants pulsions masculines.

    *Et je n'ai vraiment pas envie de rechercher la source d'autant que je ne me rappelle plus dans quelle langue elle était.

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    1. Ca s'appelle exactement une inversion patriarcale : les mecs nous attribuent depuis la nuit des temps leurs affreux défauts ou nous mecspliquent le contraire de ce perçoivent nos sens : les hommes font les enfants (la trinité chrétienne où les hommes s'auto-engendrent entre eux), les femmes sont intempérantes et incapables de se contenir (alors que les mecs eux, sont sans arrêt demandeurs de sexe et que les femmes ont moins d'appétit, ou en tous cas sont plus prudentes), les femmes sont agressives et méchantes, mais ce sont eux qui peuplent les prisons à 97 % etc, etc, etc, ça n'arrête pas). Ca s'appelle aussi de la diffamation, et de la misogynie, et c'est un programme politique. En plus, le fait que tu l'aies lu dans Confucius prouve que l'humanité est une et indivisible -au moins dans sa haine des femmes.

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    2. La où je voulais en venir plus précisement cette qualité "mascu!ine" en occident est un défaut "féminin" en Chine. C'est donc la confirmation qu'il s'agit de culture et non pas de "nature". Vous me confirmez que la psychologie/psychiatrie est une vaste arnaque.

      D'accord pour Confucius et sa haine des femmes. Le plus préoccupant c'est qu'on assiste à une résurgence de la pensée Confucianiste en Chine. Ajouté au manque de femmes, ça n'augure rien de bon

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    3. Pour appuyer les propos d'Anonyme, j'ai lu dans un livre découvert grâce à ce blog, les Putains du Diable d'Armelle Le-Bras Chopard, qu'au Moyen-Age en Europe les femmes étaient considérées comme plus charnelles et davantage attirées par les plaisirs de la chair que les hommes. Selon Calvin, Bodin, Lancre,ou encore Institoris et Sprenger, les femmes sont dépravées et leurs appétits sont insatiables, ce pourquoi elles copulent avec des démons car les hommes sont trop continents pour elles ! Le fait que les stéréotypes sexués varient selon les lieux et les époques montrent effectivement qu'ils sont construits et non naturels. La propagation de ces idées fausses sert à des fins politiques : au Moyen-Age, si les femmes sont jugées comme guidées par leurs appétits sexuels et incapables de se contenir, c'est pour dire qu'elles sont inférieures aux hommes, qui eux sont des êtres de raison et non mus par leurs passions, et pour justifier les chasses aux sorcières, puisque les femmes jugées pour sorcellerie étaient accusées d'avoir couché avec le Diable. Aujourd'hui, si on dit que les femmes ont moins de désirs sexuels alors que ceux des hommes sont plus importants et qu'ils ne peuvent pas se maintenir, ce n'est évidemment pas pour dire que les hommes sont inférieurs aux femmes, mais pour justifier la prostitution et les différentes formes de violences sexuelles. Comme l'a dit Anonyme la psychiatrie et la psychologie sont des arnaques : les dominants modèlent un savoir, non pas en vue d'une quelconque exactitude scientifique, mais pour servir leurs propres intérêts politiques.

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